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annales d'économie et de statistique. – n° 85 – 2007
L'INTéGRATION BOURSIèRE
INTERNATIONALE :
TESTS ET EFFETS
SUR LA DIVERSIFICATION
AROURI Mohamed El Hedi*
RéSUMé. – cet article étudie l'intégration boursière internationale des
marchés développés et émergents et évalue ses effets sur la diversification.
Pour ce faire, nous testons une version du medaF international à
segmentation partielle en utilisant une extension asymétrique du modèle
GaRcH multivarié. nos résultats montrent que les marchés étudiés sont
globalement intégrés et que l'intégration boursière n'a pas significativement
réduit les bénéfices de la diversification internationale, mais que ces
derniers sont plus importants pour les marchés émergents.
World Stock Markets Integration: Tests and Impacts on
ABSTRACT. – this article studies the world stock markets integration
for developed and emerging countries and investigate its effects on
diversification. We test a partially segmented icaPm using an asymmetric
multivariate GaRcH-in-mean specification. our results support the
integration hypothesis and suggest that investors from all studied countries
could expect statistically significant benefits from international diversifi-
cation but that gains are considerably larger for emerging markets.
Je remercie G. Prat, c. Harvey et o. Yousfi ainsi que deux rapporteurs anonymes pour
leurs commentaires et leurs suggestions.
* arouri mohamed el Hedi : leo, economiX et edHec, université d'orléans. e-mail :
annales d'économie et de statistique
la théorie de portefeuille nous enseigne que le risque non-systématique peut être
éliminé en diversifiant. Un portefeuille d'actions offre un couple rendement-risque
meilleur que celui d'un titre individuel. En effet, contrairement au rendement du
portefeuille, qui est par définition égal à la moyenne pondérée des rendements des
différents titres qui y sont introduits, sa variance (son risque) est souvent inférieure
à la somme pondérés des variances (des risques) des titres pris individuellement.
Plus les corrélations entre les titres individuels sont faibles, plus le rapport ren-
dement-risque du portefeuille est meilleur. En outre, les études empiriques mon-
trent que les corrélations entre les indices boursiers nationaux sont généralement
inférieures à celles entre les titres du même marché (Roll [1992]). Les stratégies
de diversification internationale des portefeuilles sont donc bénéfiques. Elles per-
mettent de réduire davantage les risques des portefeuilles purement domestiques
(Grubel [1968] et solnik [1974]).
Cependant, ces dernières années, de nombreuses réformes ont été opérées dans
les marchés financiers des différents pays. L'objectif principal était d'aller vers une
plus grande ouverture financière. Ces reformes ont augmenté les interdépendan-
ces des marchés nationaux et amorcé le processus d'intégration financière inter-
nationale (Carrieri [2001] et Henry [2001]). La montée de l'intégration finan-
cière aurait affecté les bénéfices attendus de la diversification internationale des
portefeuilles. En effet, ces bénéfices sont fonction des rentabilités, des volatilités
et des corrélations des marchés nationaux. Ces dernières sont déterminées par les
différents facteurs de risque. Dans un marché parfaitement intégré, les structures
des rentabilités sont déterminées par les facteurs mondiaux de risque. Par contre,
dans un marché strictement segmenté, ce sont les facteurs locaux qui jouent. Au fur
et à mesure que le degré d'intégration augmente, les actifs financiers deviennent de
plus en plus sensibles aux facteurs internationaux de risque. Les gains additionnels
de la diversification internationale sont donc directement liés au niveau d'intégra-
tion financière.
Ainsi, l'intégration financière rend, d'un côté, la diversification internationale
des portefeuilles plus efficace, et ce en facilitant le passage d'un marché à un
autre et en améliorant l'efficience des marchés financiers. D'autre côté, l'intégra-
tion aurait augmenté les corrélations entre les marchés financiers nationaux, ce
qui aurait réduit les bénéfices de la diversification. L'effet global de l'intégration
financière sur les bénéfices de la diversification internationale des portefeuilles
Dans cet article, nous étudions une version conditionnelle du modèle interna-
tional d'équilibre des actifs financiers (MEDAFI) en utilisant une extension asy-
métrique du modèle GARCH multivarié de De SantiS et Gérard [1997]. Ensuite,
nous testons l'hypothèse d'intégration financière et examinons l'évolution des
bénéfices de la diversification internationale en fonction du degré d'intégration.
Nous comparons enfin les résultats obtenus pour des marchés développés et
L'INTéGRATION BOURSIèRE INTERNATIONALE :
TESTS ET EFFETS SUR LA DIVERSIFICATION
2 Revue de littérature
La plupart des tests du MEDAFI se sont limités à la version non conditionnelle
du modèle (Solnik [1974] et Korajczyk et Viallet [1989]). Les résultats de ces
travaux sont contrastés et ne permettent pas de tirer de conclusions convaincantes.
En effet, les versions non conditionnelles du modèle ne prennent pas en considé-
ration les informations qui parviennent périodiquement aux investisseurs. Or, ces
derniers révisent leurs décisions d'investissement en fonction de ces informations.
Plus récemment, des versions conditionnelles du modèle ont été étudiées. Pour ce
faire, la méthode des moments généralisés (MMG) et les modèles autorégressifs
conditionnellement hétéroscédastiques (ARCH) ont souvent été utilisés.
dumaS et solnik [1995] ont employé la méthode des moments généralisés pour
tester une version conditionnelle du MEDAFI. Les résultats de cette étude sou-
tiennent l'hypothèse d'intégration financière des quatre plus grands marchés bour-
siers (états-Unis, Japon, Allemagne et Royaume-Uni). Cependant, la méthode
MMG ne spécifie pas la dynamique des seconds moments. En particulier, elle
ne permet pas de calculer un nombre d'indicateurs de premier intérêt pour les
investisseurs : les corrélations conditionnelles, les bêtas conditionnels, etc. Pour
remédier à ces limites, De SantiS et Gérard [1997] ont proposé une spécification
GARCH multivarié permettant de tester une version conditionnelle du MEDAFI
simultanément pour plusieurs marchés boursiers. Leur étude porte sur les huit
plus grands marchés boursiers (Canada, Japon, France, Allemagne, Italie, Suisse,
Grande-Bretagne et les états-Unis). Les résultats de cette étude corroborent ceux
de dumaS et solnik [1995] et concluent à l'intégration financière des marchés
étudiés. Ces résultats ont été confirmés pour d'autres marchés des pays dévelop-
pés par carrieri [2001], De SantiS et
al. [2003], Arouri [2005] et HardouveliS
et
al. [2005].
Gérard et
al. [2003] et arouri [2006] ont étudié l'intégration financière de quel-
ques marchés émergents asiatiques dans le marché mondial. Les résultats de ces
travaux rejettent l'hypothèse de segmentation financière et montrent que le risque
domestique n'est pas apprécié pour ces marchés. Toutefois, l'étude de Bekaert et
Harvey [1995], plus élaborée sur le plan économétrique, a conclu à la segmenta-
tion partielle de la plupart des marchés des pays émergents. Les auteurs ont utilisé
un modèle MEDAFI à changements de régimes pour mesurer le degré d'intégra-
tion financière. Ainsi, les marchés étudiés sont segmentés dans un premier temps
et deviennent de plus en plus intégrés par la suite. Cette étude a révélé que les mar-
chés émergents ne sont pas parfaitement intégrés dans le marché mondial et que
leurs degrés d'intégration varient considérablement au cours du temps. Les travaux
de de SantiS et imrohoroGlu [1997], Adler et qi [2003] et carrieri et
al. [2005]
ont corroboré ces résultats et montré que les marchés émergents sont partiellement
intégrés dans le marché international.
En somme, si les études récentes ont montré que les marchés des pays dévelop-
pés sont devenus parfaitement intégrés, les résultats sont moins évidents pour les
marchés des pays émergents. Quoi qu'il en soit, la question de savoir quels sont
les effets de la montée de l'intégration financière sur les gains attendus de la diver-
sification internationale des portefeuilles reste totalement en suspens. Cet article
explore précisément cette question.
annales d'économie et de statistique
3 Le modèle
Dans le prolongement des travaux de Markowitz [1952, 1959] portant sur l'op-
timisation de la richesse par le critère moyenne-variance et de la diversification de
portefeuille, Sharpe [1964] et lintner [1965] ont introduit le modèle d'évaluation
des actifs financiers (MEDAF). Ce modèle permet de déterminer les rentabilités
attendues des actifs financiers en fonction de leur sensibilité au risque du marché ou
risque systématique. Il s'appuie sur le fait que les investisseurs, quelle que soit leur
aversion au risque, choisissent des portefeuilles efficients en termes de moyenne-
variance. Une conséquence du MEDAF est que seul le risque systématique est
rémunéré. Un investisseur supportant le risque spécifique n'en est pas récompensé
car ce risque pourrait être diversifié. Ainsi, la relation fondamentale du MEDAF
établit que les rentabilités excédentaires des actifs financiers sont proportionnelles
à celles du portefeuille de marché. Les coefficients de proportionnalité sont les
bêtas des actifs financiers qui mesurent leur sensibilité au risque du marché.
En supposant que les comportements des rentabilités sont compatibles avec le
concept de marché unique de capitaux, Solnik [1974] a présenté une extension
internationale du MEDAF. Le modèle international d'évaluation des actifs finan-
ciers (MEDAFI) offre un outil d'analyse permettant de spécifier empiriquement et
de manière jointe à l'évaluation internationale la nature de l'intégration des mar-
chés financiers :
où
Rit est la rentabilité du titre (ou du portefeuille)
i entre (
t - 1) et
t,
Rwt celle du
portefeuille de marché mondial et
Rft le taux de rentabilité de l'actif sans risque.
La relation (1) établit qu'à l'équilibre des marchés de capitaux, l'excès de ren-
tabilité attendu sur un titre
i quelconque est proportionnel à l'excès de rentabilité
attendu sur le portefeuille du marché mondial. Le coefficient de proportionnalité est
égal à la sensibilité du titre
i aux fluctuations du portefeuille du marché mondial.
En réponse aux différentes critiques des modèles non conditionnels d'évalua-
tion des actifs financiers1, de nouvelles présentations théoriques sont apparues.
Elles constituent pour la plupart des extensions des modèles originels. En ce qui
concerne le modèle d'équilibre, les développements s'articulent notamment autour
de l'approche conditionnelle. Une version internationale conditionnelle du modèle
de Sharpe (1964) peut être formalisée ainsi :
mesure la sensibilité variable
suivant les dates du titre (ou du portefeuille)
i au portefeuille du marché mondial
1. Les études empiriques montrent que les rentabilités boursières sont très volatiles et que cette volati-
lité varie dans le temps. Ces propriétés rendent difficile l'estimation des primes de risque et seraient
à l'origine du rejet empirique des modèles internationaux non conditionnels.
L'INTéGRATION BOURSIèRE INTERNATIONALE :
TESTS ET EFFETS SUR LA DIVERSIFICATION
w. Notons que toutes les anticipations sont faites conditionnellement au vecteur
informationnel Ω
t-1 disponible à l'instant (
t - 1).
L'équation (2) peut être réécrite comme suit :
désigne le prix, variable
dans le temps, du risque de marché2.
La dernière formulation du MEDAF international conditionnel est couramment
utilisée dans les études empiriques (Bekaert et Harvey [1995], De Santis et Gérard
[1997] et Arouri [2005]). Cette formulation suppose implicitement que les marchés
financiers sont intégrés,
i.e. le prix du risque de marché est le même pour tous les
actifs financiers et pour tous les investisseurs3. Ainsi, dans une optique d'appré-
ciation de l'intégration financière, la relation (3) permet de passer de la logique
d'identité des facteurs à une logique d'identité des prix du risque.
4 Spécification économétrique
La relation (3) est utilisée dans la littérature des marchés financiers pour tester
le MEDAFI. Cette relation est valide pour tous les actifs financiers y compris le
portefeuille du marché mondial. Donc, pour une économie à
N actifs risqués, le
système d'équations suivant doit être satisfait en chaque point du temps :
où
Rt désigne le vecteur de taille (
N × 1) contenant les rentabilités des actifs risqués,
τ un vecteur unitaire de dimension (
N × 1),
Ht la matrice de taille (
N ×
N) de varian-
ces-covariances conditionnelles des excès de rentabilités et
ht la
Nème colonne de
Ht contenant la covariance conditionnelle de chaque actif avec le portefeuille de
2. La relation (3) est valable en particulier pour le portefeuille du marché mondial, il s'ensuit que δ
t-1 est
aussi le prix du risque du marché mondial.
3. Cette formulation permet la décomposition de la prime de risque comme produit du prix de risque et
de la quantité de risque. Elle suggère que l'intégration financière passe par une convergence des prix
de risque et pas nécessairement des primes de risque. En fait, le prix de risque est l'agrégation des
aversions au risque de tous les investisseurs. Ainsi, l'homogénéisation des comportements conduit à
des prix de risque identiques. La situation d'intégration des marchés de capitaux internationaux n'est
pas donc incompatible avec des primes de risque différentes. Cela s'explique par la persistance des
écarts de volatilité dus au fait que l'intégration économique et l'intégration financière ne se font pas
au même rythme (Fontaine [1987]).
annales d'économie et de statistique
4.1
Dynamique des variances et covariances
Le système (4) implique l'estimation simultanée de la variance conditionnelle du
marché mondial et de la covariance de chacun des autres actifs financiers avec le
marché mondial. étant donné le succès des spécifications GARCH dans la modé-
lisation des séries boursières, nous utilisons un processus GARCH (1,1) multiva-
rié4. L'extension au cadre multivarié des modèles GARCH implique que les termes
d'erreur ont une distribution conditionnelle gaussienne de moyenne nulle et de
matrice de variances-covariances
Ht. EnGle et Kroner [1995] ont proposé la spéci-
fication suivante (modèle BEKK) :
où
C est une matrice triangulaire inférieure de taille (
N ×
N),
A et
B sont deux
matrices de taille (
N ×
N).
La spécification (5) est couramment employée dans les travaux empiriques. Elle
garantit que la matrice des variances-covariances est définie positive. Toutefois, le
nombre de paramètres à estimer dans
Ht est très élevé. Il est de l'ordre de
N(
N +
1)/2 + 2
N2, soit 164 paramètres à estimer pour 8 marchés. Ceci étant, la plupart
des travaux empiriques utilisant des processus GARCH multivariés limitent le
nombre d'actifs étudiés et/ou imposent des restrictions sur le processus générant
Ht. BollerSlev [1990] et nG [1991] supposent que les corrélations sont constan-
tes. Cette spécification est très restrictive. En effet, LonGin et solnik [1995,2001],
arouri [2005], Carrieri et
al. [2005] ont montré que les corrélations entre les
actifs financiers varient au cours du temps, ce que le modèle avec des corrélations
constantes ne peut pas prendre en compte.
de SantiS et Gérard [1997] imposent la condition de diagonalité des matrices
A et
B. Cela implique que les variances dans
Ht ne dépendent que du carré des
résidus passés et d'un terme autorégressif, alors que les covariances ne dépendent
que du produit croisé des résidus passés et d'un terme autorégressif. En particulier,
cette spécification permet aux corrélations de varier au cours du temps. Toutefois,
elle peut également paraître restrictive dans le sens où elle ne rend pas compte de
la dépendance des volatilités conditionnelles entre les marchés, mise en évidence
notamment par chan et
al. [1992] sur des données quotidiennes. Dans la mesure
où nous travaillons sur des données mensuelles, nous pensons, comme le font De
SantiS et Gérard [1997], Gérard et
al. [2003] et de SantiS et
al. [2003], que les
transmissions de volatilité entre les marchés ne sont pas très importantes5.
Il est aussi utile de souligner que les modèles discutés ci-dessus négligent les
effets d'asymétrie dont l'existence a été confirmée dans le cas univarié et bivarié
par plusieurs travaux. On peut par exemple citer les travaux de enGle et nG [1993],
GloSten et
al. [1993], Kroner et nG [1998], Bekaert et Wu [2000], Harvey et
siddique [2001] et enGle et sheppard [2003]. Ces travaux ont montré que les vola-
4. La plupart des études empiriques suggèrent qu'une spécification GARCH(1,1) soit suffisante pour
rendre compte des propriétés des séries financières (De SantiS et Gérard [1997,1998], NilSSon
[2002] et HardouveliS et al. [2005]). Nous présenterons dans la partie empirique quelques résultats
justifiant ce choix.
5. Quelques résultats présentés dans la partie empirique de l'article justifient ce choix.
L'INTéGRATION BOURSIèRE INTERNATIONALE :
TESTS ET EFFETS SUR LA DIVERSIFICATION
tilités et les interdépendances entre les marchés boursiers sont plus importantes en
période de crise et qu'elles réagissent différemment selon le signe du choc qui les
affecte. Tenir compte de ces effets d'asymétrie est très important surtout lorsque
l'intégration et la dynamique des gains attendus de la diversification sont étudiées.
Ceci étant, nous autorisons aux variances et covariances conditionnelles de réagir
différemment selon les signes et les tailles des chocs qui affectent les marchés
boursiers. Formellement, nous proposons l'extension ci-dessous de la spécification
BEKK permettant de capter les réponses asymétriques des variances et covariances
conditionnelles aux chocs :
et 0 sinon6.
Afin de réduire le nombre de paramètres à estimer, nous imposons la condition
de diagonalité aux matrices
A,
B,
S et
Z. Le processus GARCH symétrique de De
SantiS et Gérard [1997, 1998] et De SantiS et
al. [2003] constitue un cas particu-
lier du processus décrit par (6) avec
s =
z = 0. Dans le cas bivarié, nous retrouvons
le modèle asymétrique de Kroner et nG [1998] quand
z = 0.
4.2
Dynamique du prix du risque mondial
Les travaux de Harvey [1991], Bekaert et Harvey [1995] et de SantiS et Gérard
[1997] ont montré que le prix du risque varie dans le temps. De plus, selon Merton
[1980] et adler et dumaS [1983], le prix du risque est l'agrégation des aversions
au risque de tous les investisseurs. Or, ces derniers sont supposés adverses au ris-
que, donc le prix du risque doit être positif en chaque point du temps. À l'instar
de Harvey [1991], de SantiS et Gérard [1997,1998], De SantiS et
al. [2003] et
Gérard et
al. [2003], nous modélisons le prix du risque comme fonction exponen-
tielle de certaines variables d'information liées au cycle économique et financier
où κ
w représente les pondérations associées aux variables d'information globales.
Enfin, notons que dans le but de vérifier si la condition théorique de positivité du
prix du risque du marché mondial est respectée
a posteriori par les données, nous
estimerons et comparerons le prix du risque avec et sans la contrainte de positivité,
i.e. prix du risque exponentiel versus prix du risque linéaire. Nous testerons égale-
ment l'hypothèse selon laquelle le prix du risque est constant.
6. Le choix du seuil
ihit a été effectué de manière à minimiser les critères d'information multivariés
de Akaike et de Schwarz.
annales d'économie et de statistique
Le système formé des équations (4), (6) et (7) constitue notre modèle de base.
Sous l'hypothèse d'une distribution conditionnelle multivariée normale, la fonc-
tion de vraisemblance peut être écrite comme suit :
où ϕ est le vecteur des paramètres inconnus et
T est le nombre d'observations.
Puisque l'hypothèse de normalité est souvent rejetée dans le cas des séries bour-
sières, nous utilisons la méthode du quasi-maximum de vraisemblance (QMV) de
BollerSlev et WooldridGe [1992]. Sous certaines conditions de régularité, l'es-
timateur QMV est valide et asymptotiquement normal. D'abord, l'algorithme de
simplex est utilisé pour initialiser le processus. Ensuite, l'estimation du vecteur ϕ
est réalisée par l'algorithme (BHHH) développé par Berndt et
al. [1974].
5 Données
Cette étude porte sur les indices des marchés bousiers de cinq pays développés
(états-Unis, France, Japon, Allemagne et Canada), de deux pays émergents (Hong
Kong et Singapour) et du marché mondial7. Ce choix se justifie notamment par
le souci de comparer les comportements des rentabilités sur les marchés des pays
développés et émergents. Les observations utilisées sont des cours mensuels de
fin de période de février 1970 à mai 2003, soit 400 observations. Les cours bour-
siers sont issus de
Morgan Stanley Capital International (MSCI) et sont calculés
avec réinvestissement des dividendes. Les rentabilités sont toutes exprimées en
dollar amé ricain et calculées en excès du taux des eurodollars à 30 jours issu de
Le Tableau 1 (voir annexe) résume les statistiques descriptives des séries étu-
diées. Le panel A présente les rentabilités moyennes ainsi que les tests de normalité
et d'autocorrélation. Hong Kong présente l'excès de rentabilités moyen le plus
élevé, mais aussi le plus volatile. Le marché américain est le marché national le
moins volatile. Les coefficients d'asymétrie, généralement significativement néga-
tifs, indiquent que la distribution des séries est étalée vers la gauche, ce qui illustre
bien le fait qu'un choc négatif a plus d'impact qu'un choc positif. Nous soulignons
également le caractère leptokurtique des séries de rentabilités étudiées. En effet,
la kurtosis centrée est positive (
K > 3) pour toutes les séries. L'excès de Kurtosis
témoigne d'une forte probabilité des points extrêmes, donc une distribution à
queues épaisses. L'hypothèse de normalité est rejetée pour tous les marchés. Le
modèle GARCH multivarié asymétrique proposé dans la section précédente rend
compte de ces propriétés.
Le test de Ljung-Box d'ordre 12 montre l'absence d'autocorrélation sérielle. Ce
résultat est confirmé par les autocorrélations des excès de rentabilités reportées
7. Les marchés étudiés représentent plus de 70 % de la capitalisation boursière mondiale.
L'INTéGRATION BOURSIèRE INTERNATIONALE :
TESTS ET EFFETS SUR LA DIVERSIFICATION
Statistiques Descriptives des Excès de Rentabilités
Panel A : Statistiques descriptives
canada Japon France allemagne H. Kong singapour
-0.45* 0.25** -0.01
Kurtosis (1) 1.86*
71.88* 8.73* 30.62*
Panel B: Autocorrelations des
ei
Retards canada Japon France allemagne H. Kong singapour E.U. monde
-0.074 -0.009 -0.015
0.063 0.115** 0.095
Panel C : Corrélations non-conditionnelles des
ei
canada Japon France allemagne H. Kong singapour
Panel D : Autocorrelations des (
ei
Retards canada Japon France allemagne H. Kong singapour E.U. monde
0.054 0.122** 0.071
annales d'économie et de statistique
tableau 1 (Suite)
Panel E : Corrélations croisées des (
ei
rt )2 - Marché mondial et pays i
France allemagne H. Kong singapour
Nombre des corrélations croisées d'ordre {-2,-1,1,2} significatives : 9 sur 112.
* significatif au seuil de 1 %, ** significatif au seuil de 5 %, eir excès de rentabilités exprimés en dollar,
(1) centré sur 3, Q(12) :test de Ljung-Box d'ordre 12, J.B. test de normalité de Jarque-Bera.
dans le panel B. Le panel C montre les corrélations non-conditionnelles des excès
de rentabilités. La plupart des corrélations entre les marchés nationaux sont infé-
rieures à 50 %, ce qui suggère que les stratégies de diversification internationale
des portefeuilles présentent un intérêt significatif en terme de réduction du risque.
En particulier, les marchés des pays émergents sont faiblement corrélés avec ceux
des pays développés.
Le panel D présente les autocorrélations des carrés des rentabilités excédentaires
et le panel E les corrélations croisées des carrés de rentabilités avec le portefeuille
du marché mondial. Pour la plupart des séries étudiées, seules les autocorrélations
d'ordre un des carrés des excès de rentabilités sont significatives, ce qui pour-
rait aller en faveur d'une modélisation ARCH d'ordre 1. En outre, sauf exception,
seules les corrélations croisées instantanées sont significatives. Quand on analyse
les corrélations croisées d'ordre {-2,-1,1,2}, seules 9 corrélations sur un total de
112 sont significatives. Ce résultat laisse penser que, du moins pour nos séries
de rentabilités mensuelles, les dépendances en terme de volatilité ne sont pas très
importantes. Ainsi, l'hypothèse de diagonalité des matrices
A,
B,
S et
Z ne semble
pas être très restrictive.
En ce qui concerne le choix des variables d'information à utiliser pour modé-
liser le prix du risque mondial, nous nous inspirons principalement des résultats
des travaux antérieurs en finance internationale (harvey [1991], FerSon et Harvey
[1993], De SantiS et Gérard [1997], Bekaert et harvey [1995], De SantiS et
al. [2003] et Gérard et
al. [2003]). Les variables retenues sont censées approcher
L'INTéGRATION BOURSIèRE INTERNATIONALE :
TESTS ET EFFETS SUR LA DIVERSIFICATION
les informations concernant le cycle financier et économique international dont
disposent les investisseurs à la date (
t - 1) (Harvey [1991] et dumaS [1994]). Le
vecteur informationnel utilisé est noté
Z et il est inclus dans le vrai vecteur infor-
mationnel non observable Ω,
Enfin, le vecteur
Zt-1 de variables d'information internationales contient un
terme constant, le rendement en dividende (
dividend price ratio) du portefeuille du
marché mondial en excès du taux des eurodollars à 30 jours (RDM), la variation
mensuelle d'une prime de terme amé ricaine (DPTEU), une prime de défaut amé
ricaine (PDEU) et la variation mensuelle du rendement d'un certificat amé ricain
de trésorerie à 30 jours (DTIM). La prime de terme est mesurée par la différence
entre un taux d'intérêt court (un certificat de trésorerie amé ricain à 3 mois) et un
taux long (un bon de trésor américain à 10 ans) et la prime de défaut est mesurée
par l'écart de rendements entre une obligation notée Baa par l'agence
Moody's
et une obligation notée Aaa. Toutes ces variables d'information sont obtenues de
msci et de
International Financial Statistics (IFS) et elles sont utilisées avec un
retard par rapport aux excès de rentabilités.
Les statistiques descriptives de ces variables sont résumées dans le Tableau 2.
Les corrélations entre les variables globales d'information sont relativement fai-
bles, ce qui suggère que le vecteur d'information
Z ne contienne pas d'informations
Statistiques descriptives et corrélations des variables d'information
Panel A : Statistiques descriptives
Panel B : Corrélations
* significatif au seuil de 1 %, ** significatif au seuil de 5 %, (1) centré sur 3, Q(12) :test de Ljung-Box
d'ordre 12, J.B. test de normalité de Jarque-Bera.
annales d'économie et de statistique
6 Intégration versus segmentation
des marches boursiers
D'abord, nous présenterons les résultats de l'estimation du modèle décrit par
les relations (4), (6) et (7) ainsi que quelques tests de spécification. Ensuite, nous
testerons l'hypothèse d'intégration financière.
6.1
Estimation des paramètres et tests de robustesse
Le Tableau 3 présente les résultats de l'estimation du MEDAFI avec processus
GRACH asymétrique par la méthode du quasi-maximum de vraisemblance. Le
Panel A présente les paramètres relatifs à la dynamique du prix du risque de marché
mondial. Le prix moyen du risque s'élève à 3.44. Ce dernier est déterminé par le
terme constant, le rendement en dividende du portefeuille du marché international,
la variation mensuelle de la prime de terme, la prime de défaut et la variation men-
suelle du rendement du certificat amé ricain de trésorerie à 30 jours.
Puisque le vecteur de variables d'information
Zt-1 contient un terme constant,
l'hypothèse de constance du prix du risque peut être testée directement en véri-
fiant la nullité conjointe des coefficients des autres variables d'information8. Le
test robuste de Wald, reporté dans le Panel D, rejette clairement cette hypothèse et
montre que le prix du risque varie au cours du temps.
La Figure 1.1 (voir annexe) retrace l'évolution du prix du risque ainsi que la série
filtrée par la méthodologie de Hodrick et PreScott [1996]. Le filtre HP permet
de séparer les mouvements de court terme (cycles) du mouvement de long terme
(tendance). La série filtrée atteint ses valeurs les plus élevées dans les années 1970,
se réduit dans les années 1980, puis s'accroît à nouveau dans la première partie des
années 1990. Ceci confirme les résultats de de SantiS et Gérard [1997]. De 1993
à 2000, la série filtrée du prix du risque de marché est en-dessous de sa moyenne
sur la période entière. Enfin, le prix du risque s'accroît rapidement à partir de 2001,
traduisant l'incertitude que traversent les marchés financiers internationaux dans
les dernières années.
Afin d'étudier l'effet de la contrainte de positivité imposée au prix du risque,
nous avons ré-estimé le modèle avec un prix du risque linéaire,
i.e. un prix variant
linéairement en fonction des variables instrumentales. Cet exercice permet, notam-
ment, de vérifier si la contrainte théorique de non-négativité du prix du risque mon-
dial est vérifiée
a posteriori par les données. La Figure 1.2 retrace l'évolution du
prix du risque linéaire. Les deux séries (prix linéaire et prix exponentiel) présen-
tent une corrélation de 82 %. Néanmoins, des différences significatives existent
entre les dynamiques des deux séries. En particulier, la série du prix linéaire est
caractérisée par des périodes de valeurs négatives. C'est notamment le cas de la
sous-période 1978-1983. Boudoukh et
al. [1993]
8. L'hypothèse de prix du risque constant (
i.e. aversion au risque constante) est tout à fait raisonnable
dans un univers caractérisé par des opportunités d'investissement et de consommation constantes [De
Santis et al. [2003]).
L'INTéGRATION BOURSIèRE INTERNATIONALE :
TESTS ET EFFETS SUR LA DIVERSIFICATION
Estimation par la méthode du quasi-maximum de vraisemblance du MEDAFI
Panel A : Prix du risque du marché mondial
Panel B : Processus GARCH
France allemagne H. Kong singapour
-0.037* -0.017** -0.061*
Panel C : Diagnostic des résidus
canada Japon France allemagne H. Kong singapour
annales d'économie et de statistique
tableau 3 (Suite)
Panel D : Tests de specification
Le prix mondial du risque est-il constant ?
H0 : δ
j = 0 ∀
j > 1
Les paramètres s sont-ils conjointement nuls ?
H0 : s
i = 0 ∀
i
Les paramètres z sont-ils conjointement nuls ?
H0 : zi = 0 ∀
i
* significatif au seuil de 1 %, ** significatif au seuil de 5 %, l'écart type est reporté entre parenthèses,
les coefficients de l'intercepte C sont multipliés par 100.
des primes de risque négatives pour le marché américain. Les auteurs ont expliqué
ce résultat par une forte inflation et une structure inversée des taux d'intérêt. Nous
avons aussi testé l'hypothèse selon laquelle le prix du risque linéaire est constant.
Le test de Wald a rejeté cette hypothèse et montré ainsi que le prix du risque du
marché mondial est variable au cours du temps.
Le panel B du Tableau 3 présente la structure des seconds moments condition-
nels. Les coefficients des vecteurs
A et
B sont significatifs pour tous les marchés.
Les valeurs estimées des paramètres du vecteur
B sont largement supérieures à
celles des paramètres du vecteur
A, ce qui témoigne de changements graduels dans
la dynamique de la volatilité conditionnelle. En outre, certains marchés manifes-
tent une forte persistance. Ces résultats sont en accord avec les études antérieures
utilisant des spécifications GARCH. Un des avantages de notre approche est de
permettre aux seconds moments conditionnels de réagir différemment aux chocs
selon leurs signes et leurs amplitudes. Ce phénomène a été largement étudié dans
le cas univarié. Par exemple, EnGle et NG [1993] et GloSten et
al. [1993] ont mis
en évidence qu'un choc négatif a plus d'impact sur la volatilité qu'un choc positif.
Kroner et nG [1998] ont obtenu des résultats similaires dans le cas bivarié. Dans
notre cas, les paramètres significatifs du vecteur
S impliquent que la réaction de
la variance conditionnelle est plus importante après un choc négatif qu'après un
choc positif. C'est le cas pour le Canada, la France, l'Allemagne, Hong Kong et
Singapour. De plus, les paramètres significatifs du vecteur
S sont tous positifs, ce
qui implique que les covariances conditionnelles entre ces pays augmentent à la
suite d'un choc commun négatif.
De même, les paramètres significatifs du vecteur
Z impliquent que la réaction de
la variance conditionnelle est plus importante à la suite d'un choc de forte ampli-
tude. C'est le cas pour le Japon, la France, Hong Kong et Singapour. De plus, les
paramètres significatifs du vecteur
Z sont tous négatifs, ce qui montre que les cova-
riances conditionnelles entre ces pays augmentent après un choc commun néga-
tif ou positif de forte amplitude. Enfin, le test de Wald, reporté dans le panel C,
rejettent les hypothèses nulles selon lesquelles les paramètres des vecteurs
S et
Z
sont respectivement conjointement nuls. Notons que des résultats similaires ont été
obtenus lorsque le modèle a été estimé avec un prix du risque linéaire.
Le Panel C présente quelques tests sur les résidus estimés du modèle. Exception
faite du marché japonais, l'hypothèse de normalité est rejetée pour tous les mar-
chés étudiés. Il y a cependant lieu de signaler que les coefficients d'asymétrie
L'INTéGRATION BOURSIèRE INTERNATIONALE :
TESTS ET EFFETS SUR LA DIVERSIFICATION
Le prix du risque du marché mondial
1.1 Prix du risque du marché mondial : fonction exponentielle
1.2 Prix du risque du marché mondial : fonction linéaire
(
skewness) et d'aplatissement centré (
kurtosis) sont plus faibles que ceux des séries
de rentabilités présentées dans le Tableau 1. En outre, le test Ljung-Box d'absence
d'autocorrélation d'ordre 12 a été appliqué sur les résidus standardisés. À l'excep-
tion du Japon, les résultats de ce test ne permettent pas de rejeter l'hypothèse nulle
annales d'économie et de statistique
6.2
Tests de l'hypothèse d'intégration
Le modèle estimé ci-dessus suppose que les marchés boursiers étudiés sont inté-
grés,
i.e. seul le risque du portefeuille du marché mondial est apprécié. Cependant,
si l'hypothèse d'intégration paraît raisonnable pour les marchés des pays déve-
loppés, plusieurs études suggèrent que la plupart des marchés des pays émergents
soient partiellement segmentés. Par exemple, Bekaert et Harvey [1995], karolyi
et stulz [2002] et carrieri et
al. [2005] ont montré que les rentabilités des mar-
chés émergents sont, dans la plupart des cas, déterminées par une combinaison des
facteurs globaux et locaux de risque. Dans cette partie, nous testons une version
asymétrique du MEDAF international conditionnel à intégration partielle.
Dans le cadre des marchés partiellement segmentés, les rentabilités boursières
sont déterminées par deux sources de risque : le risque du marché global et le
risque domestique résiduel (Gérard et
al. [2003]). Le risque domestique résiduel
non-corrélé au portefeuille du marché mondial est mesuré comme suit :
Une version conditionnelle du MEDAFI à segmentation partielle peut être for-
où δ
di est le prix du risque domestique du pays
i.
Si le marché
i est parfaitement intégré, le prix du risque domestique du pays
i est
égal à zéro. Dans le cas intermédiaire de segmentation partielle, le risque domesti-
que et le risque global sont tous les deux appréciés.
Intéressons-nous maintenant à la méthodologie économétrique. Si les marchés
étudiés sont caractérisés par un certain degré de segmentation, nous devons re-
estimer le système d'équations étudié précédemment. Le nouveau système doit
prendre en considération le facteur risque domestique :
où
qt =
D(
Ht) – (
hNt * hNt)/
hNNt est le vecteur de taille (
N × 1) des risques domes-
tiques, δ
d le vecteur de taille (
N × 1) des prix des risques domestiques et
D(
Ht) la
diagonale de la matrice
Ht.
Le Tableau 4 résume les résultats de l'estimation du MEDAFI conditionnel asy-
métrique à intégration partielle par la méthode QMV. Aucun des prix des risques
domestiques n'est individuellement significatif. Le test robuste de Wald ne rejette
pas l'hypothèse selon laquelle les prix des risques domestiques sont conjointement
nuls. Ces résultats suggèrent, du moins pour les marchés étudiés, que le risque
domestique n'est pas un facteur de risque rémunéré internationalement.
Grosso modo, les résultats de nos tests indiquent que l'hypothèse d'intégration
financière parfaite des marchés boursiers des pays étudiés ne peut pas être rejetée.
Ces résultats confirment ceux obtenus par De SantiS et Gérard [1997], Gérard et
al. [2003] et arouri [2006].
L'INTéGRATION BOURSIèRE INTERNATIONALE :
TESTS ET EFFETS SUR LA DIVERSIFICATION
MEDAFI à Intégration Partielle
Panel A : Tests de nullité individuelle
France allemagne H. Kong singapour E.U.
Panel B : Test de nullité jointe
Les prix des risques
domestiques sont-ils
conjointement nuls ?
H0 : δ
di = 0 ∀
i
* significatif au seuil de 1%, ** significatif au seuil de 5%, l'écart type est reporté entre parenthèses.
7 évolution des bénéfices
de la diversification internationale
Cette section se propose d'étudier, dans le cadre moyenne-variance de Markowitz,
l'évolution des bénéfices que les investisseurs des pays développés et émergents
attendent de la diversification internationale des portefeuilles. Pour ce faire, consi-
dérons deux portefeuilles, présentant en chaque point du temps le même risque,
le premier diversifié internationalement, désigné par
I, et, le second purement
domestique, désigné par
i. La version conditionnelle internationale du MEDAF
(relation (3)) permet de calculer la rentabilité anticipée sur chacun de ces deux
portefeuilles. La différence entre les deux rentabilités peut être interprétée comme
le gain
ex ante de la diversification internationale des portefeuilles. Formellement,
ce gain s'écrit comme suit :
E(
Rit –
Rit/Ω
t-1).
le portefeuille
I est supposé efficient au sens de Markowitz. D'après le théorème
de séparation de Black [1972], on peut écrire la rentabilité du portefeuille
I sous la
forme d'une combinaison de la rentabilité de l'actif sans risque et de celle du por-
tefeuille de marché9:
RI = θ
t-1
Rwt + (1 - θ
t-1)
Rft, où θ
t-1 est un coefficient dépendant
de l'aversion de l'investisseur représentatif au risque.
9. Le théorème de séparation nous apprend que tous les investisseurs, quelles que soient leurs richesses
initiales et leurs préférences pour le risque, construisent leurs portefeuilles optimaux par combinaison
entre le titre sans risque et le portefeuille de marché.
annales d'économie et de statistique
Les excès de rentabilités des deux portefeuilles s'écrivent :
Les deux portefeuilles ont à chaque instant le même risque, le coefficient posi-
tif θ
t-1 peut être déduit du système suivant :
D'après les équations (12) et (13), les gains de la diversification internationale
attendus par l'investisseur domestique, conformément à la version conditionnelle
internationale du MEDAF, sont donnés par la relation (14) :
Une première intuition peut être tirée de l'équation (14) en prenant le cas parti-
culier θ
t-1 = 1,
i.e. le portefeuille domestique a en chaque point du temps le même
risque que le portefeuille mondial. Dans ce cas, les gains de la diversification
s'écrivent comme suit :
La relation (15) montre que les gains escomptés des stratégies de diversification
internationale sont une fonction croissante du risque spécifique au pays considéré:
. Selon le MEDAFI, seul le risque systé-
matique est rémunéré. Un investisseur supportant le risque individuel associé à un
portefeuille donné n'en est pas récompensé car ce risque pourrait être diversifié.
On peut alternativement utiliser la corrélation conditionnelle entre le portefeuille
domestique et le portefeuille du marché mondial :
L'équation (15) peut être réécrite comme suit :
Selon la relation (16), les gains de la diversification internationale sont une
fonction décroissante du coefficient de corrélation conditionnelle entre le porte-
L'INTéGRATION BOURSIèRE INTERNATIONALE :
TESTS ET EFFETS SUR LA DIVERSIFICATION
feuille domestique et le portefeuille du marché mondial. En particulier, la stratégie
de diversification internationale ne rapporte rien si ρ
iw,
t-1 = 1,
i.e. le portefeuille
domestique est parfaitement positivement corrélé avec le portefeuille internatio-
nal.Afin d'étudier les évolutions des gains attendus de la diversification internatio-
nale des portefeuilles, le modèle est re-estimé en exprimant à chaque fois les ren-
tabilités des marchés étudiés dans la monnaie du pays pour lequel on veut calculer
ces gains. Les résultats de cet exercice sont reportés dans le Tableau 5. Les béné-
fices de la diversification sont calculés sur la période entière 1970:02-2003:05,
ainsi que sur les sous-périodes 1970:02-1989:12 et 1990:01-2003:05. Le choix de
ces sous-périodes est justifié par les vagues mouvements de libéralisation et de
déréglementation qu'ont connus les marchés financiers nationaux à partir de la fin
des années 1980 et qui auraient accéléré le processus d'intégration financière inter-
nationale (AyuSo et Blanco [2000], Henry [2001] et carrieri [2001]). Les Figures
de 2 à 8 retracent, pour chaque marché étudié, la corrélation conditionnelle avec le
marché mondial ainsi que l'évolution des gains attendus de la diversification.
Pour tous les marchés étudiés, les gains
ex ante de la diversification sont statisti-
quement et économiquement significatifs. Cependant, ces derniers varient considé-
rablement dans le temps et d'un marché à un autre. Ils sont nettement plus impor-
tants pour les marchés émergents que pour les marchés développés.
Sur la période entière, les états-Unis, le pays le plus corrélé avec le marché
mondial avec une corrélation moyenne de 86 %, présentent les bénéfices moyens
annuels les plus faibles, 1.14 %. En revanche, Hong Kong, le marché le moins
Gains anticipés de la diversification internationale des portefeuilles (en %
* significatif au seuil de 1 %, ** significatif au seuil de 5 %, l'écart type estimé par la méthode de
Newey-West est reporté entre parenthèses.
annales d'économie et de statistique
Le marché américain
2.1 Corrélation conditionnelle avec le portefeuille mondial
2.2 Gains anticipés de la diversification internationale
L'INTéGRATION BOURSIèRE INTERNATIONALE :
TESTS ET EFFETS SUR LA DIVERSIFICATION
Le marché francais
3.1 Corrélation conditionnelle avec le portefeuille mondial
3.2 Gains anticipés de la diversification internationale
annales d'économie et de statistique
Le marché japonais
4.1 Corrélation conditionnelle avec le portefeuille mondial
4.2 Gains anticipés de la diversification internationale
L'INTéGRATION BOURSIèRE INTERNATIONALE :
TESTS ET EFFETS SUR LA DIVERSIFICATION
Le marché canadien
5.1 Corrélation conditionnelle avec le portefeuille mondial
5.2 Gains anticipés de la diversification internationale
annales d'économie et de statistique
Le marché allemand
6.1 Corrélation conditionnelle avec le portefeuille mondial
6.2 Gains anticipés de la diversification internationale
L'INTéGRATION BOURSIèRE INTERNATIONALE :
TESTS ET EFFETS SUR LA DIVERSIFICATION
Le marché de HongKong
7.1 Corrélation conditionnelle avec le portefeuille mondial
7.2 Gains anticipés de la diversification internationale
annales d'économie et de statistique
Le marché singapourien
8.1 Corrélation conditionnelle avec le portefeuille mondial
8.2 Gains anticipés de la diversification internationale
L'INTéGRATION BOURSIèRE INTERNATIONALE :
TESTS ET EFFETS SUR LA DIVERSIFICATION
corrélé avec le marché mondial avec une corrélation moyenne de 50 %, a les gains
annuels les plus élevés, 10.02 %. Singapour présente aussi des gains importants
s'élevant à 7.78 %. Le japon, le deuxième plus grand marché mondial, présente des
bénéfices annuels relativement importants, 3.99 %. Ce résultat est attendu puisque
la corrélation moyenne du Japon avec le portefeuille du marché mondial n'est que
de 66 %. Pour la France, l'Allemagne et le Canada, les gains annuels attendus de
la diversification internationale des portefeuilles sont respectivement de 3.84 %,
4,32 % et 3.01 %.
En allant de la sous-période 1970-1989 à la sous-période 1990-2003, les gains
attendus de la diversification internationale se sont réduits significativement pour
la France. Ils passent de 4.65 % à 2.64 %. Cette baisse s'explique, en premier
lieu, par la diminution du prix du risque mondial durant les années 199010 et,
en second lieu, par l'augmentation de la corrélation conditionnelle du marché
français avec le portefeuille du marché mondial à partir de la fin des années
1980 et durant les années 1990. En particulier, à partir de 1994, la corrélation
conditionnelle du marché français avec le portefeuille mondial devient systéma-
tiquement au-dessus de sa moyenne sur la période entière, tandis que le prix du
risque de marché mondial est, de 1994 à 2000, en dessous de sa moyenne calcu-
lée sur la période entière. Toutefois, les gains français redeviennent supérieurs à
la moyenne vers la fin de l'échantillon. Cela s'explique par la diminution relative
de la corrélation conditionnelle avec le portefeuille du marché mondial et par
l'augmentation l'aversion moyenne au risque observées vers la fin de la période
Une baisse moins aigue des gains annuels moyens de la diversification internatio-
nale des portefeuilles est observée pour l'Allemagne qui voit sa corrélation condi-
tionnelle avec le portefeuille mondial s'accroître à partir de 1990 et ses bénéfices
annuels moyens se réduire de 4.58 % pour la sous-période 1970-1989 à 3.94 %
pour la sous-période 1990-2003.
Pour les autres marchés, l'évolution des gains attendus de la diversification inter-
nationale des portefeuilles ne présente qu'une très légère tendance à la baisse. En
allant de la sous-période 1970-1989 à la sous-période 1990-2003, ces gains passent
de 3.06 % à 2.94 % pour le Canada, de 4.11 % à 3.81 % pour le Japon, de 10.91 %
à 9.58 % pour Hong Kong, de 8.23 % à 7.13 % pour Singapour et de 1.21 % à
1.04 % pour les états-Unis.
Le fait que l'intégration financière internationale n'ait pas réduit significative-
ment les bénéfices anticipés de la diversification internationale pour ces pays peut
trouver deux explications. En premier lieu, les corrélations conditionnelles de ces
marchés avec le portefeuille du marché mondial ne présentent guère de tendance
haussière durant les dernières années. Carrieri et
al. [2005] et arouri [2005] ont
mis en évidence des résultats similaires respectivement pour des marcjés émer-
gents asiatiques et latino-américains et pour les marchés des pays du G7. En second
lieu, l'augmentation accrue du prix du risque du marché mondial à partir de 2001
aurait, conformé ment aux prédictions de la relation (14), eu un impact positif sur
les gains que les investisseurs de ces pays puissent attendre de la diversification
internationale des portefeuilles.
10. STLUZ [1999] explique cette baisse de l'aversion moyenne au risque par les meilleures possibilités
de diversification des risques grâce à la globalisation des marchés financiers et aux innovations
technologiques et financières.
annales d'économie et de statistique
8 CONCLUSION
L'objectif de cet article est de tester l'hypothèse d'intégration financière et d'étu-
dier son impact sur les gains
ex ante de la diversification internationale des porte-
feuilles. Pour ce faire, nous avons estimé une version internationale du MEDAF en
utilisant une extension asymétrique du modèle GARCH multivarié de De SantiS et
Gérard [1997, 1998]. Cette approche permet, notamment, aux primes de risque et
aux corrélations de varier dans le temps et de réagir différemment selon la nature
du choc qui les affecte. Ensuite, nous avons dérivé une mesure conditionnelle des
gains attendus de la diversification internationale des portefeuilles et étudié l'im-
pact de l'intégration financière sur ces gains. Selon cette mesure, les gains que l'on
peut attendre de la diversification internationale sont fonction croissante du prix du
risque du marché mondial et de la quantité du risque spécifique au pays considéré.
En revanche, ces gains sont fonction décroissante des corrélations conditionnelles
avec le portefeuille du marché mondial.
L'étude empirique a porté sur les marchés boursiers de cinq pays développés et
de deux pays émergents durant la période 1970-2003. Nos résultats soutiennent
l'hypothèse d'intégration financière des marchés boursiers des pays étudiés. Ils
montrent, en outre, qu'à l'exception de la France, les corrélations conditionnelles
entre les marchés nationaux et le marché mondial n'ont augmenté que très légè-
rement dans les dernières années. Pour la France, l'augmentation des corrélations
conditionnelles est beaucoup plus marquée, notamment dans les années 1990.
Quant au prix du risque mondial, nous avons trouvé qu'il a atteint des niveaux éle-
vés dans les années 1970 et 1980, puis, il s'est réduit durant les années 1990, pour
s'accroître rapidement à partir de 2001 et traduire ainsi l'incertitude qui a envahi
les marchés financiers dans les dernières années.
L'étude des gains attendus de la diversification internationale des portefeuilles
a montré que ces gains sont statistiquement et économiquement significatifs pour
tous les pays, mais qu'ils varient significativement dans le temps et d'un marché à
l'autre. Comme attendu, les états-Unis ont les gains les plus faibles et les marchés
des pays émergents ont les gains les plus élevés. Exception faite de la France, ces
gains ne présentent qu'une très légère tendance à la baisse. Plus intéressant encore,
dans les dernières années de la période étudiée, les gains attendus de la diversifi-
cation redeviennent, pour tous les marchés étudiés, supérieurs à leurs moyennes
calculées sur la période entière.
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Final Accepted Version C-00463-2003.R1 Characterisation of T-type calcium current and its contribution to electrical activity in the rabbit urethra J. E. Bradley, U. A. Anderson, S. M. Woolsey, K. D. Thornbury, N. G. McHale & M. A. Hollywood Smooth Muscle Group, Department of Physiology, The Queen's University of Belfast, 97Lisburn Road, Belfast, BT9 7BL, N. Ireland.